MERCREDI 25 OCTOBRE

25/10

Début d’audience à 14h50, la salle est pleine, de nombreux.ses journalistes et étudiant·es sont venues pour cette journée qui sera la plus éloignée de la réalité.

Juge : En attente que tout le monde puisse rentrer, pour ne pas déranger la prise de parole du Proc.

Elle fait une remarque sur les réactions de la salle : « On ouvre ses oreilles, pas sa bouche » (je suis de retour en CE2…).

LE PROCUREUR – Benjamin C.

Le Porc a préparé son grand oral, son récit bien ficelé posé sur un pupitre qu’il lit debout, jouissant de son auditoire.

Il débute son réquisitoire par une citation de la « Conspiration des cellules de feu » (ça ne le lâchera plus cette référence, il est légèrement obsessionnel, le proc…), un collectif grec auquel aucun des inculpé·e n’a jamais fait référence. Cette citation vise selon lui à inciter les militants internationalistes à la guérilla armée.

Il fait l’histoire de ce texte. Publication d’origine en 2011 en Grèce, traduction en France en 2017. Cite le texte introductif des traducteurs : « Nous ne voulons pas révolutionner mais détruire ».

En 2017 F. est toujours au Rojava. Il passera par la Grèce à 3 reprises : à son retour, avec M., et en novembre 2020.

On a retrouvé ce document dans ses affaires (il ne précise pas qu’il s’agit d’un disque dur qui contenait des milliers de brochures). Cette présence n’est pas anodine. F. dit que son leitmotiv c’est lutter contre Daesh, le confédéralisme, mais dans touts les documents retrouvés, dans les écoutes, il n’est pas fait mention de Daesh. En revanche, il y a « La conspiration des cellules de feu » et la brochure sur « monter une milice » chez M. et W. : c’est la feuille de route de F., c’est ça qui donne sens à toutes ses actions.

Il ne s’agit pas d’une procédure sur une organisation, mais sur un homme mu par des idées révolutionnaires. Son objectif : former et armer des militant·es pour s’en prendre aux forces de l’ordre.

Quand un djihadiste possède un texte de propagande islamiste, cela donne son champ d’action. Quand un militant corse a des explosifs et un texte du FLNC, cela donne son champ d’action. Donc F. possède ce document, donc il s’inscrit dans ce champ-là.

Le proc parle de l’énergie que F. a mis à recruter et à former, de son charisme, de son obsession combattante au Rojava, de son hyper-activisme. Tout ceci lié aux documents, cela donne une conspiration hautement dangereuse (il ne se base sur rien du dossier). Ce n’est pas un récit construit par la DGSI et porté par un parquet complaisant. Au contraire, de nombreux·ses magistrat·es, toustes à leur niveau, confirment la procédure et les charges retenues.

Là où il y a une volonté, il y a un chemin… ici, c’est une autoroute ! 

La défense voudrait mettre la DGSI et le parquet au pilori. Ce mythe d’une kabbale de l’État contre des militants d’ultra-gauche s’accorde mal avec l’indépendance du parquet. Les réquisitions s’appuient sur le dossier. S’il y a un récit il est du côté de la défense. Il a fallu accorder 7 prévenu.es avec des dires différents. Avec un mot d’ordre : « Il faut sauver le soldat F. » Avec pour stratégie du côté de la défense : « Si vous disculpez le leader, vous vous disculpez avec lui ».

Il revient sur la chronologie des « faits » en abondant d’interprétations et relie les éléments entre-eux là où il n’y a pas de liens. Le 7 février 2020 : le rapport de judiciarisation de la DGSI serait totalement confirmé. Puis du 11 au 13 février : F. + L. + M. font une partie d’Airsoft près de Toulouse. Du 14 au 17 février : F. + S. se retrouvent à Paulnay, volent de l’engrais et tentent de fabriquer de l’explosif (rappelons que c’est raté et qu’en réalité les essais se font le 15 au matin et durent 2h, pas plus). Du 17 mars au 11 mai intervient le confinement. Du 5 avril au 17 mai : retrouvailles F. + C. chez W + B (Parcoul, askip le camp d’entrainement). Le 20 avril est ouverte l’information judiciaire (ce n’est plus le PNAT qui conduit les investigations mais un juge d’instruction (Jean-Marc HERBAUT). Puis du 25 au 27 mai : F. + M. + L. font une soirée près d’un lac avec d’autres gens en camion, (c’est la fameuse « réunion conspirative »). Pendant l’été, F. revoit S. une fois. Entre le 4 et 17 août, F voyage en Belgique, en République Tchèque, pour « rencontrer des camarades ». Le 30 octobre : nouveau confinement. Le 18 novembre, F. est en Grèce. Le 4 décembre : une expertise sur les explosifs est rendue en urgence. Le 8 décembre 2020 : interpellation de 9 personnes puis le 11 décembre : inculpation de 7 personnes pour AMT.

Le travail de la DGSI aurait été rendu difficile par : 

    – l’extrême prudence dans les moyens de communication utilisés par les prévenu.es (faux)

    – la mobilité géographique des mis·es en cause (pas vrai pour tous·tes)

    – leur vie dans des lieux collectifs (pas vrai pour tous·tes)

    – 2 périodes de confinement, ce qui ne facilitait pas le travail des keufs pour être discrets (faux)

Il y a eu 10 mois d’investigations, 2 ans d’instruction, et des éléments à charge ont été retenus, provenant de sonorisations, interrogatoires, photos, filatures…

Le moment de l’interpellation est un moment où F. va possiblement vendre son camion. C’est une période de  confinement, donc ce n’est pas facile pour les keufs, qui sont en attente du retour d’expertise s’agissant des explosifs. 

Le proc souhaite « tordre le cou » à un raccourci : pourquoi n’ont ils pas été interpellé.es à Paulnay ou Parcoul ? Les enquêteurs devaient tenir compte de leur éparpillement sur le territoire et étaient astreints à une très grosse charge de travail de retranscription (ben quand on voit ce qu’ils en ont fait, c’était bien la peine…..). Le travail des enquêteurs est remarquable, mais le dossier prend une autre envergure suite au rapport de l’expert en explosifs qui viendrait attester que ce groupe était très dangereux. (encore faux: les arrestations sont décidées le 19 novembre et l’expertise demandée le 24 novembre).

Le proc dénonce beaucoup de fantasmes contre la DGSI. Le positionnement de la défense serait: il y a une défaillance institutionnelle. C’est injuste ! L’action des services de renseignement est encadrée, depuis 2015, avec comme champ d’action : la sécurité nationale, le terrorisme, et les rassemblements qui pourraient nuire à la sécurité publique (en gros, les manifs, quoi…). Le travail de renseignement n’est pas une science exacte. Il y a des échecs, mais d’incontestables réussites : des interpellations, des attentats évités. Il revient sur leur bravoure dans la lutte contre le terrorisme. Quand la DGSI en 2020 interpelle un groupe d’ultra-droite, avec les mêmes méthodes, tout le monde se félicite. Quand la DGSI déjoue un attentat avant les élections, tout le monde se félicite. On se scandalise ici par les mêmes méthodes utilisées ? Pourquoi ? Parce que la lutte au Rojava exonère ? « On a vu des membres de l’OAS être d’anciens résistants ». (nan, mais franchement ????) Dans ce dossier, le renseignement vient seulement infirmer ou confirmer des interrogations.

Parmi les personnes écouté·es, un se détache particulièrement : F.

Le proc énumère ce qu’on lui reproche :

– il revient du Rojava

– il gère une association qui est une coquille vide

– plusieurs personnes de son entourage sont « entrainées » : C. + M. + L. + W. et B. (on parle d’une partie d’airsoft où tout le monde se marre hein…)

Le renseignement a corroboré toutes les suspicions :

– sur l’identité du suspect : F. est bien le leader charismatique, et il met en application ses connaissances acquises au Rojava, dont il tire une gloire et une légitimité pour mener ses projets.

– sur l’activité du groupe : il forme aux moyens de communication sécurisés et anonymes (faux), aux entrainements tactiques (faux), et stimule à la recherche et manipulation d’armes (faux).

– les actes isolés se sont en réalité répétés ! (euh, non plus)

– l’existence d’une « association- écran » qui masque leurs réelles intentions, montée avec des « prête-noms ».

Ce que vont révéler les écoutes : la fabrication d’explosifs (oui) avec gros niveau de détermination et de savoir-faire (faux).

Ce que les écoutes n’ont pas établi : l’objet du voyage de M. en Colombie, l’attentat contre le consulat de Turquie à Nantes (mais on en reparle quand même, il s’agissait de tags…). 

Le proc nous fait ensuite une petite définition de ce qu’est « l’ultra gauche », la notion centrale.

Il s’agit d’une mouvance, située dans une idéologie radicale, ayant pour principe le refus des règles institutionnelles, assumant le recours à la violence, et étant composée d’individus partisans de l’action violente. C’est une terminologie assumée.

Il calque les nouvelles théorisations de la « radicalisation » effectuées ces dernières années post-attentats. Par essence une entreprise terroriste repose sur une base idéologique. La question des opinions des prévenu·es est donc centrale. Ce n’est pas le procès d’une conviction, mais celui d’un cheminement vers un engagement violent. C’est la même chose que lorsqu’on juge l’ETA, des djihadistes ou l’ultra-droite. Les prévenu·es ont été légitimement questionné·es sur leurs opinions.

L’ultra-gauche est « multiple et protéiforme », en revanche ses cibles sont immuables : les représentants des institutions ou du capitalisme. L’ultra-gauche fait usage de multiples modes d’action. le terrorisme y est extrêmement marginal.

Elle revêt de multiples modes d’expression : occupations illégales de lieux, ZAD. Beaucoup y sont allé·es, s’y sont connu.es et y ont lié de solides amitiés. Par ailleurs iels disent avoir participé sur place uniquement à des actions pacifiques, mais justifient les brochures questionnantes en disant que se sont des docs qui circulent là-bas. Mais aussi les black blocs et leur ultraviolence : des éléments dans ce dossier laissent transparaitre leur participation aux black blocs (vêtements trouvés chez F., sonorisation du camion). Tout ça n’est pas du terrorisme, pour autant ce sont des marqueurs idéologiques.

Un élément symbolique important : le Rojava, qui constitue une nouvelle source d’inspiration pour l’ultra-gauche. F. a séjourné 10 mois là-bas ; M. voulait y aller. Quant aux autres : iels possèdent des livres sur le sujet (pas tous). Le séjour au Rojava n’est pas l’objet de la poursuite. Mais cette expérience hors-normes doit être évoquée car elle influe sur le comportement et les projets.

F. se présente comme « vétéran », il se présente lui-même comme ça. (faux) Il est obnubilé par ça.

La question que se pose le parquet : quelle est sa motivation pour y aller ? Si c’est pour combattre avec les kurdes, ok. Si c’est pour se former à la guérilla, aux armes et ensuite transmettre son savoir-faire : alors cela concerne le PNAT. Il rappelle qu’il ne faut pas oublier que si héroïques que soient les YPG contre Daesh, le PKK n’en reste pas moins une organisation terroriste. Cet engagement au Rojava doit-il absoudre tout le reste ?

De plus, son engagement contre Daesh ne transparait pas dans ce dossier, il ne ressort pas des écoutes. F ne dit rien de l’état islamique. La seule référence faite à Daesh par F. c’est son admiration pour leur capacité à faire des explosifs (mais quel fumier !!!!). Le Rojava est au cœur des discussions, jamais Daesh (alors qu’il en a parlé les larmes aux yeux dès le début du procès).

On a plus à faire à quelqu’un qui raconte ses « coups de feu » de ses combats contre Daesh.

De plus, là-bas, il a lutté en dehors de tout cadre institutionnel. Quand des militaires rentrent de terrain de guerre, ils sont suivis. Là rien. Son retour n’est pas sans traumatisme, et il reste sans suivi : cela le rend dangereux. Il n’est jamais question dans les écoutes du danger que représente Daesh en France, ici le combat c’est contre les forces de l’ordre. En se focalisant sur la transmission plutôt que sur l’engagement politique, on voit bien qu’il est extrémiste, radicalisé et violent.

Le proc nous fait un petit laïus sur l’indépendance du parquet, comme quoi ce ne sont pas les « déclarations d’un ministre, fût-il de l’Intérieur » qui viendraient changer ça.

Il veut tordre le cou à un autre élément (il tord beaucoup de cous…). La DGSI serait désœuvrée et il y aurait une volonté de terroriser l’ultra-gauche mais c’est faux selon lui, puisqu’il n’y a aucune autre accusation pour terrorisme hormis celle-ci.

Depuis sa création, le PNAT se porte trop bien. Il fait le récit des actions brillantes du PNAT, il cite même les OPEX au Mali et au Niger… Il a oublié qu’on s’est fait dégager de là-bas ? Il a oublié que 10 ans de Barkane n’auront absolument jamais empêché le terrorisme de se développer ? Manifestement il ne maîtrise pas ce sujet… Il parle du PKK (évidemment, il pouvait pas laisser passer l’occas’ !), des Corses, et de l’ultra-droite (ça lui importe, au proc, qu’on le croit sur le fait qu’ils s’occupent activement de l’ultra-droite !).

Sur la persécution de l’ultra-gauche : il nous dit que le coeur du boulot c’est le djihadisme, et que l’ultra-droite est la 2ème menace : 15% des affaires. Cette affaire est la seule affaire concernant l’ultra-gauche.

A sujet de la persécution présumée de F. suite à son retour du Rojava, le proc rappelle que 30 à 40 personnes sont revenues du Rojava, et que lui seul a été inquiété. Il n’y a pas de persécution. Il y a un vétéran armé, déterminé à mener des actions violentes sur le territoire et à former 6 compagnons d’armes.

On va avoir droit à la longue « histoire » du terrorisme d’ultra-gauche… Il va passer une heure à reprendre les PV de la DGSI (dispos sur soutien812.net) pour faire du révisionnisme historique total.

Il commence par « sans remonter jusqu’à la 3eme République », mais bon, rappelle la mort de Sadi Carnot… (ça va être long !) et les anarchistes qui ont posé quelques bombes au 19e siècle (aucun mot sur les horreurs coloniales massives de la France à cette époque par contre…).

Saut dans le temps : « On a tous à l’esprit les Années de Plomb en Italie », les Brigades Rouges, 48 morts, dont la mort d’Aldo Moro (là aussi on saura rien de plus du contexte fasciste, des bombes posées par les services secrets italiens, etc.). La RAF en Allemagne, la Belgique, la Grèce, puis il énumère les groupes en France : le GARI, les Brigades Internationales, NAPAP et bien sûr Action Directe (ah ! il va dire souvent Action Directe, ça le gargarise Action Directe… Il est complètement obsédé par ça ! On aura le droit à neufs mentions).

Le cas d’Action Directe est intéressant en droit : la loi antiterroriste de 1986 instaure une Cour d’assises spéciale, avec des magistrats à la place du jury populaire, suite à un procès lié à Action Directe pendant lequel le prévenu s’était adressé directement aux juré·es pour les mettre en garde contre une justice partisane et classiste. Il faut sortir d’une forme de romantisme révolutionnaire à l’égard du terrorisme.

Il dit : « Il n’est pas question d’amalgamer Action Directe et les prévenu·es » (mais il ne va faire que ça !).

Mais quand même, resituer l’action criminelle d’Action Directe est pertinente ici : le terrorisme d’ultra-gauche, en dépit d’une certaine mansuétude, a tué, terrorisé, dans les rues de Paris. Nous rencontrons Action Directe dans le dossier ici : il évoque la fameuse brochure de C. : une contribution (qu’il nomme manifeste) de deux ex-membres de AD pour la journée internationale en solidarité avec les prisonniers politiques, qui légitimerait la violence politique. S. et L. semblent manifester un intérêt pour AD. (n’imp !)

Il reprend son « histoire du terrorisme d’ultra-gauche » : il parle d’un renouveau dans les années 2000, surtout en Grèce, notamment avec la « Conspiration des cellules de feu ». Ceci n’est pas tout à fait étranger à ce qui se passe en France : des institutions françaises auraient été victimes des « cellules de feu » : il cite pêle-mêle une agence AFP à Athènes, un colis piégé destiné à Sarko, l’ambassade de France, un texte de revendication faisant référence à Rémi Fraisse, un colis piégé en mars 2017 au siège du FMI à Paris.

Il redit que cet exposé (qui dure depuis une heure sans parler du dossier !!!) ne nous éloigne pas des faits:  le terrorisme d’ultra-gauche existe, il s’inspire notamment du texte grec, les cibles sont les institutions ou le capitalisme, le mode opératoire : les armes et les explosifs. Et voilà : le dossier ! (il est content le proc…)

Les faits qui sont reprochés aux 7 inculpé.es : sous l’influence de l’ultra-gauche, sous l’influence de F. : iels franchissent la ligne rouge de la radicalisation, après les frustrations de la ZAD de Sivens et des Gilets Jaunes. Nous ne le masquons pas ici : ce dossier est celui de F. qui place tout ça au dessus de tout. Un homme charismatique et des camarades agrégé.es. 

La défense dit « un groupe fictif », mais iels ont une défense commune !

Dans ce dossier, F. est le dénominateur commun : 3 personnes ont dit des choses incriminantes sur F. (fameuses GAV à la DGSI). Les avocates s’affichent comme appartenant à un même collectif : cela interroge. D’autant qu’immédiatement, toustes reviennent sur leurs propos tenus en GAV. (faux) Iels ont choisi une défense commune, quitte à créer la confusion. 

Les inculpé·es et leurs soutiens reprennent à leur compte le concept d’invisibilité, utilisent les mêmes éléments de langage, avec la création de blogs, de sites internet, montés de toute pièce pour les propager. Iels ont même une page Wikipédia !

Le procureur dénonce un traitement médiatique très complaisant : il trouve que les médias font preuve d’une certaine mansuétude, due à un processus d’identification des journalistes, qui partagent les mêmes idées (alors, là, on rit !!!) et ferment les yeux sur leurs agissements.

Iels se permettent tout ! : une lettre des familles et proches adressée publiquement au juge Herbaut, publient des PV dans les blogs de soutien, les arrestations deviennent des « enlèvements », les GAV deviennent « séquestration », et la détention de la « torture blanche ».(réaction de la salle)

Le procureur y voit en filigrane une stratégie d’intimidation de la part de la défense. Un climat de tension a été créé autour du procès, ce que les réactions de la salle ne démentent pas. La défense a demandé d’exclure des pièces, mais inversement, sans « contradictoire », a produit des pièces au dernier moment, non sourcées (il parle de la vidéo du bateau). On dénonce l’enquête comme atteinte à la vie privée. On invalide un expert. On invoque une interprétation personnelle du droit lors de la QPC.

A cela s’ajoutent des propos à l’emporte-pièce, une alcoolisation massive, une amnésie collective.

Il faut sauver le camarade F., quitte à être incohérent avec soi-même ! Il y a un retournement du procès des 7 prévenu.es, qui en font le procès de la DGSI. On justifie les éléments les plus graves du dossier par leur appartenance à un milieu, tout en dénonçant un procès politique.

L’audience a pu donner l’impression d’une cour de récréation. C’est regrettable, cela méritait mieux. Les avocats demandent à leurs clients : avez-vous compris l’AMT ? Ce qui démontre qu’iels n’ont pas fait leur travail correctement.

C’est quoi l’infraction AMT ?

– groupement formé ou entente établie (pas besoin que ce soit un groupe déterminé, structuré)

– caractérisation par un ou plusieurs faits matériel : leurs agissements

– préparation d’actes prévus (assassinat, meurtre, …)

– volonté de troubler gravement l’ordre public : F qui veut importer la guérilla en France!

Une accusation d’AMT ne nécessite pas de démonstration précise, seule la connaissance de la finalité suffit. Il n’est pas nécessaire de prouver l’adhésion idéologique.

Il va citer l’affaire Mohamed Merah, et de son ami d’enfance qui n’adhérait pas du tout a une idéologie violente mais a été reconnu coupable car « il ne pouvait pas ignorer les intentions de… F » (il fait un lapsus et confond F. avec Merah…) Il dit que cet ami a été condamné non parce qu’il avait été démontré son adhésion au djihadisme mais du fait du son niveau de connaissance des projets terroristes de Merah (les avocates de M. démontreront que c’est faux le lendemain..).

Il va se servir de cet exemple pour démontrer que les copaines sont au courant des « projets » de F. Il cIte une écoute de S., le fait que B. possède une brochure « Analyse d’une instruction antiterroriste » : pour lui la démonstration est faite qu’ils savent qu’il y a une ligne rouge qui a été franchie.

A Tarnac, il s’agissait d’individus qui avaient interrompu un train. C’était une action de « basse intensité » (vocabulaire militaire hérité des théories de la DGR), ce qui explique que le caractère terroriste n’ait pas été retenu. Dans l’affaire qui nous occupe ici, les moyens mis en oeuvre, les armes et les explosifs, en font un risque d’attaque de haute intensité. La personnalité de F. = haute intensité.

Le proc dénonce un rapport au terrorisme différent des deux côtés de la barre : 

Le fait que F. fasse l’apologie du PKK, que Me Kempf dise « militants kurdes », oublie des condamnations ; quand Olivier Grosjean (spécialiste du Rojava à la Sorbonne) exprime à la barre avoir « exclut le terme « terrorisme » de son vocabulaire » : iel ne partagent clairement pas les mêmes repères entre les prévenu·es et la cour.

Le fait qu’il n’y ait aucune preuve qu’il s’agisse d’une organisation ? Ce n’est pas nécessaire pour la qualification terroriste. Le fait que plusieurs prévenu.es ne se connaissent pas entre eux ? Ce n’est pas nécessaire pour la qualification terroriste. Ce n’est pas un groupe structuré : c’est F. qui agrège ; il est un leader qui fédère de manière étanche plusieurs personnes.

On observe 3 dynamiques : 

– duo : F. + S.

– trio : F; + L. + M.

– groupe

Des méthodes identiques :

– la confection d’explosifs

– le chiffrement (Signal quoi)

– l’apprentissage de tactiques de guérilla (une partie d’airsoft)

Le proc trouve curieuse la similitude des faits reprochés alors que toustes ne se connaissent pas. Le dénominateur commun : c’est F. ! A l’exception de S., iels ne seraient pas là s’ils n’avaient pas croisé F. (??? il vient de nous révéler que S. était déjà surveillé par la DGSI lui aussi ???)  Il ne s’agit pas d’absoudre les autres, mais de noter deux niveaux de responsabilité.

Le procureur dénonce la tentative de morceler les accusations constitutives de la qualification terroriste. Il affirme que la défense n’a fait que ça tout au long du procès : dissocier les éléments factuels du dossier. Il n’est pas question d’arrêter des individu·es sur des actes isolés. Mais tous ensemble C’est constitutif de l’AMT.

Un certains nombre d’éléments AMT sont présents dans le dossier :

– le vol d’engrais

– la possession d’armes de catégorie B et C

– la fabrication explosifs

– le chiffrement

Il est facile de vouloir dissocier chacun de ces éléments pour faire croire à leur banalité, mais il faut regarder la cohérence et la répétition. 

F. dispense des formations Tails et Tor, il dispense des entrainements paramilitaires.. Quand on examine le déroulement des actions, les notes opérationnelles, les débriefings : on comprend parfaitement les objectifs de tout cela.

Lorsqu’on regarde la nature de certains documents :

– manifestes idéologiques

– mémento sur la création d’une milice armée

– vademecum au sujet d’action violente

– déclarations des prévenu·es en adéquation (faux !)

Tous ces documents sont l’inspiration, la philosophie du groupe. L’horizontalité par exemple : tout le monde participe parce que tout le monde peut se joindre à la guérilla urbaine.

(Le proc se perd dans la lecture quasi totale de la brochure « Conspiration des Cellules de Feu », il saoûle tout le monde… ça fait plusieurs minutes qu’il ne parle plus à personne : les juges ne l’écoutent plus.)

Bref, on transpose tout ça, on transpose encore un peu, et au milieu on met F.

Il nous refait le coup de Mao ! F. est lecteur des brochures, et il met en pratique le manifeste parce qu’il aurait dit, complètement torché dans une discussion sur l’hypothèse d’un chaos fasciste : « il faut prendre les armes là où elles sont ! ».

Il revient sur le document avec l’alphabet grec comme guide d’action violente. Manifestes et écrits se recoupent et donnent « résonance » au dossier.

Il donne l’exemple du « Tekmil » : c’est bien une pratique de réunion de combattants, donc F. + M. + L. étaient en préparation d’une action violente. (Tekmil = debriefing et autocritique kurde à visée révolutionnaire qui se pratique dans toute la société, rien d’exclusivement militaire).

Il y a la volonté d’armer, d’entrainer et d’équiper chez F. Sa priorité c’est la cause, au détriment de son « couple ». Le proc cite toujours la même écoute, comme d’hab, il dit « fusil à pompe » : whoooooooooo

Il revient sur sa thèse : armer, éduquer, former, qu’il lie à une obsession, l’obsession policière. Il cite des GAV et des écoutes. Il souligne l’emploi de la terminologie de « l’ennemi ». Et il cite même de la zik : « Djihad de classe » (du rappeur Enedeka Maska).

Il reparle du courrier d’Action Directe, possédé par C., qui « résonne » avec les Cellules de feu :

– résister, se révolter contre les violences d’Etat

– attaquer les keufs

– violences révolutionnaires contemporaines

– violence armée indispensable

– référence à la RAF parfaitement assumée

– aucune autocritique

Ces quelques lignes « reprennent » la pensée de F. (alors là, c’est une belle fourberie de langage !!)

Le programme énoncé ici par AD se retrouve dans le dossier.

Les 6 autres prévenu.es formé.es par F. ne sont pas choisi.es au hasard : iels ont une totale confiance, qui ne se dément même pas aujourd’hui. Cette entente autour de F. peut donc être assurément qualifiée de terroriste.

PAUSE

La juge nous explique que visiblement on confond suspension et pause goûter (c’est un keuf qui est allé le dire à la maitresse…).

LA PROCUREURE – Déborah C.

Elle souhaite faire un examen prévenu·e par prévenu·e. Après plusieurs semaines d’audience où on nous a expliqué que c’était un montage de la DGSI, un assemblage artificiel, il lui paraît important de rétablir avec rigueur les charges contre chacun·e.

Devant vous, nous avons une addition d’éléments matériels probants, face à un récit de la défense.

F. est celui sans qui les autres ne seraient pas là aujourd’hui. Ses agissements sont au coeur de la procédure. Il agrège diverses compétences, et fait preuve de continuité et de cohérence dans ses actions. Il l’a lui-même dit : « la cause passe avant tout ». 

D’avril 2017 à janvier 2018, il se trouve au Rojava : c’est ce qu’il relate aux co-prévenu.es. Selon lui, ses motivations sont la révolution, la cause. Il y a intégré les YPG, est devenu chef d’unité de combat (wtf!) : il manie des armes et des explosifs.

Janvier 2018 : F. possède une aura incontestable auprès des autres. Il fait une évocation crue et militaire de son engagement. Tout passe après la cause. Son engagement est mortifère.

Avril 2018 : c’est la création d’une asso avec L. Elle constitue une vitrine légale pour des entrainements, et fait écho à la brochure « milice ». Association qui est une coquille vide, une simple démarche administrative alors qu’elle n’a pas d’activités officielles. On peine à imaginer L. à l’origine de cette asso (contrairement à ce qu’il a dit à la barre). F. serait présent à la création (on lui a déjà dit que non !! que 1+1+1+1 ça fait pas 3 !!). Donc moins de 3 mois après son retour du Rojava : il était déjà dans la dynamique de transmettre.

Fin 2018 – début 2019 : il pratique des entrainements via l’airsoft dans les Pyrénées (juste une fois en réalité, le 12 février).

De juin à septembre 2019 : il voyage vers la Grèce avec M. pour un départ au Rojava.

En février 2020 : ouverture de la procédure et pratique de l’airsoft (une fois). Le 11-12 février : reprise de contact après longtemps avec L. (faux ils s’étaient revus avant) et M., la proc cite encore une fois les GAV dont on a parlé 1000 fois ! En gros : airsoft = F. = entrainement paramilitaire. Elle cite le malaise autour de l’airsoft en GAV, elle cite les notes de M. et son usage de pseudos qu’elle trouve surprenant dans l’intimité. Elle dit que L. a peur en GAV sur l’airsoft. 

Elle dit ce qu’elle a entendu des GAV là-dessus : prise en main d’armes, volonté de se procurer des armes, utilisation de talkies-walkies, nettoyage ADN, objets incendiaires, blesser ou tuer des camarades, Tekmil, recours à un avocat, recrutement, sécurité numérique… Alors ok, des fois ça parle de psychologie. Mais c’est pas ce qui intéresse pour l’AMT.

Puis Paulnay (14-15 février) : Reprise de contact entre S. et F. Après des années sans se revoir, ils vont faire des explosifs de guerre. Sonorisation de Paulnay : d’après elle, ils l’ont déjà fait avant. Ils traversent la moitié de la France pour ça (250 km pour S.). Alors que S. est en pleine crise, au bord du burnout. S. a un sentiment de regrets vis-à-vis du chaos pendant la période des GJ, où il n’a pas su profiter de l’occasion, donc il y voit une opportunité en se recontactant avec F. (??WTF) La procureure rappelle la fameuse phrase qui sort de nulle part (dossier de judiciarisation) selon laquelle S. aurait dit à sa compagne « Je peux mourir ou aller en prison » (dans l’ORTC il le dit soi-disant à un proche…).

Sur Paulnay, il y a différentes sources. Si on n’a pas tout (en référence à la vidéo effacée par la DGSI), c’est l’épisode le plus documenté.

S. avant d’arriver à Paulnay, s’arrête pour acheter des spatules, preuve qu’il savait très bien ce qu’ils allaient faire (avec sa carte bancaire d’ailleurs… méga clandestin!). Elle cite les écoutes : 17h20 : arrivée, 17h40 : laisse penser que ce n’est pas le premier essai. Elle évoque les essais imminents et le matos. Elle reparle de l’expert qui dit en gros que S. et F. sont des génies des explosifs. Celui-là est importé du Rojava, évidemment ! Elle dit qu’ils cherchent à tirer partie de l’alcoolisme « réel ou supposé ». Elle ose mettre en doute leur alcoolémie en disant qu’on ne sent pas l’ébriété dans les écoutes. Les conversations se poursuivent et dévoilent leurs véritables intentions : il est déjà question d’ennemi, de propagande, d’apologie d’AD, de dissoudre la police, de diatribes contre les institutions républicaines. 

15 février : explosifs. Conscience aiguë de ce qu’ils font. Elle évoque une voiture chargée d’explosifs de Daesh : c’est particulièrement éloquent quand on sait qu’ils fabriquent des explosifs qui peuvent faire « péter tout un quartier ». La préparation est intense. La DGSI a même cru qu’ils s’entrainaient au tir (le fameux marteau-spatule) : c’est dire si la DGSI n’avait pas de scénario pré-établi (euh…. les mecs tapent avec un marteau, la DGSI imagine illico que c’est des kalach, mais ils ont pas de scénario préconçus ??? elle prend quoi la proc ???) (elle parle vite, elle mélange tout, et enchaine…)

Ils disent : « Désolée la nature, mais si on ne fait rien, la nature est condamnée ». C’est très explicite ! La fabrication d’explosifs est destinée à servir la cause, notamment écolo : « La révolution sera écologique ! » (ah là je pense à Darmanin et ses écoterroristes…).

S’agissant du vol d’engrais : ils ont prévenu C., anticipent leur mode de défense, en se cachant derrière le métier d’artificier de S, et usent de grandes précautions : S. use de tout un stratagème autour de son déplacement à Paulnay, demande à sa compagne de faire des publications Facebook en son absence, et on perçoit une inquiétude à propos d’une possible dénonciation de K. (la défense rappellera que c’est bizarre, à ce moment si dangereux, que les filatures de la DGSI cessent!).

Elle cite l’écoute sur les keufs en manif. Donc elle en conclut qu’évidemment ils font des explosifs pour s’en prendre à des keufs. Pour elle il est explicite aussi que c’est F. qui partage ses connaissances : il met en pratique ce qu’il pense.

Elle cite : « trouver des fonds », « armes à acquérir », « poursuivre les essais chacun de leur côté », S. reconnait avoir récupéré du matos de Paulnay, en avoir laissé à F. S. a cherché à renouveler cette expérience, mais n’a pas trouvé la recette, normal elle vient du Rojava, et s’est rabattu sur ANFO. Elle parle de facture de nitrate d’amonium retrouvé chez S. alors que c’est impossible, ça ne se vend qu’à la tonne (elle confond avec le nitrate de potassium).

Elle énumère les journées du 16 février, avec la reprise des travaux (c’est faux, ils parlent juste du produit de la veille qui ne veut pas sécher) et du 17 février où ils parlent à nouveau des explosifs et semblent mécontents.

Conclusion : s’agissant de Paulnay, les éléments matériels sont établis : fabrication d’explosifs + vol d’engrais. 

Elle cite une écoute de S. : « ennemi », « guérilla », « Action Directe », « transmettre »… Ils sont parfaitement conscients de ce qu’ils font : tous ces éléments sont-ils le fruit d’un récit policier ?

Elle rappelle qu’il s’agit de la fabrication d’explosifs jamais réalisés sur le territoire et hautement dangereux. Pour elle, les rapports de l’expert M. B., les dires de Marc C. (un artificier terrorisé par la DGSI) et Alex R. (témoin cité par la défense) confirment tout ceci (LOL). La défense parle du « récit d’un week-end amical », alors que pour elle c’est un week-end conspiratif inédit !

Elle interprète le silence de S. face au JI (lors de son premier interrogatoire et alors que son avocate a dû quitter les lieux en urgence), par le terme « acculé face à l’évidence ». On peine à se défendre, alors on s’appuie sur un adultère, ou sur des concerts pour lever des fonds pour le Rojava. On fait des explosifs mais ce qui nous intéresse c’est les concerts? F. a peur d’aller en manif, mais il fabrique des explosifs ?

Avril 2020 : Parcoul : F.+C rejoignent W+B qui leur proposent un hébergement pour la période du confinement.

F. initie ses camarades au tir, à la communication chiffrée, aux entrainements paramilitaires, aux explosifs (encore du total mensonge). Nous avons très peu d’écoutes car le groupe étaient évidemment plus souvent dehors que dans le camion de F. Je ne vais pas faire comme la défense et dire que les écoutes à décharge sont dans les 99% que nous n’avons pas. Nous avons suffisamment d’écoutes pour prouver leurs agissements.

La défense dit que les essais n’ont commencé que 6 jours après l’arrivée de F. et C., (faux, la défense ne dit pas ça) mais les écoutes prouvent que les essais ont débuté avant.

L’expert a montré que concernant l’amorce, les prévenu·es tâtonnent et qu’il est clair qu’iels découvrent cette matière, ce qui est clairement à décharge et démontre bien là son impartialité. (LOOOOL) Il n’est pas sérieux que les prévenu·es disent ne pas connaître le TATP, iels ont évidemment fait des recherches, mais ces recherches ont été cachées. L’expert a rappelé que la substance de l’ANSU est très délicate à fabriquer et qu’il ne l’a jamais vue en 20 ans de carrière. Il est clair que cela nuit au récit de la défense qui veut nous présenter une bande de joyeux lurons apprentis chimistes. Tous les moyens sont bons pour tenter de discréditer l’expert.

Elle revient sur les déclarations post-explosions où tout le monde est très choqué sauf F. qui semble content. Elle rappelle la comparaison faite par l’expert avec une explosion dans la salle qui toucherait les gens jusqu’au 2ème rang. La défense parle d’une recette apprise auprès d’un agriculteur, il y a plusieurs années, sur une vidéo ? Impossible nous a répondu l’expert puisque cet explosif est inconnu en fRance, de plus il est impossible d’arriver à le reproduire avec une seule vidéo. Et les prévenu·es ont témoigné à plusieurs reprises que les recettes venaient de l’expérience au Rojava de F (encore faux).

La défense nous dit : si Rojava, alors hors période de prévention ? Mais peu importe, ce qui nous intéresse ici, c’est la réutilisation qui pourrait en être faite en fRance. Quelles sont les fins ? Ludiques, évidemment. Qu’il y a-t-il de ludique par rapport à une activité dangereuse, déjà pour eux-mêmes physiquement, et aussi pénalement répréhensible ? D’autant plus que tout le monde avait conscience de la dangerosité de ces essais (complètement faux). Tout le monde a une responsabilité dans l’essai mais également dans l’utilisation postérieure qui aurait pu en être faite par les un·es ou les autres (donc lien avec AMT).

GAV – 8 au 11 décembre : Les GAV sont des moments longs, pénibles, stressants, oui. Mais de là à récuser les propos qui en sont issus ? Certainement pas. Par rapport aux projets d’actions violentes et à la volonté de s’en prendre aux forces de l’ordre, iels ont d’abord avoué pendant les GAV, puis iels ont maintenu leurs déclarations devant le juge d’instruction mais en les recontextualisant comme étant des moments alcoolisés où les propos ne seraient pas sérieux, et enfin maintenant à votre barre ils les réfutent, tout simplement. « Rien ni personne ne le prouve sauf les prévenu·es qui ont le droit de mentir devant votre tribunal ». (tsssss réactions dans la salle) 

Elle reparle de la lettre des « Amie·s de Toulouse » : « Rappelons qu’il n’y a pas de gentil.le.s ni de méchant.es dans une affaire de répression politique, la défense collective et la solidarité sont les seules réponses que nous envisageons ici », ce qui pour elle prouverait une volonté collective de dissimulation des faits.

Armes : Fausse déclaration de B. par rapport à l’arme achetée à la sortie du confinement alors qu’il y a une trace internet pendant le confinement. « On ne peut qu’écarter ces revirements d’audience ». « Dans cette procédure, même quand les éléments sont à décharge pour certains des prévenu.es, iels préfèrent faire bloc plutôt que de se sauver. L’intention est claire : il faut sauver le vétéran F. »

Chiffrement : Cet élément corrobore le faisceau d’indices mais ne constitue absolument pas le cœur du dossier, la place que votre tribunal a accordé à cet élément le montre bien. Est-il toujours crédible que F. se protégeait des GAFAM comme on nous le rappelle depuis le début ? (il a aussi dit qu’il se protégeait des services turcs et des Loups Gris mais elle a oublié de le mentionner) Au-delà même des propos, les moyens déployés montrent bien les fins recherchées. 

« Ces éléments convergent tous à la même conclusion, celle de commettre des actes violents contre les policiers. Par delà ses désirs, F. travaille, il ne se contente pas de parler, il s’arme !

Ce n’est peu- être pas un danger imminent mais le projet est ,sous nos yeux. Toutes les preuves concordent. Elles ne peuvent se lire et être comprises que comme un tout. Les moyens déployés illustrent le projet qu’ils mettent en œuvre.

Il y a une note écrit en Grec, retrouvée dans son camion. C’est la préparation d’une entreprise terroriste étape par étape, dont son but est de porter atteinte à l’Etat.

F. exhibe des armes « on est pas là pour faire style », « police municipale », « tu crames tout ». 

Il y a des preuves … du nitrate, des produits explosifs, et des détonateurs. Il transportait une certaine quantité de produits, cela prouve le maintien de ces intentions !

Sa recherche d’arme : il a une arme de catégorie B en sa possession “Un chasseur a la possibilité de chasser” donc il passe son permis de chasseur. Il a un rapport à la chasse confus. Il se rend à l’armurerie. Il parle de « kalash » et de plan pour en obtenir. (elle s’enflamme là, TSSSSSSSSSS)

Que fait-on avec des armes? Du confédéralisme démocratique ? »

« S. a activement participé à la fabrication d’explosifs, au vol d’engrais, il poursuit les essais chez lui. Il y a des preuves d’achat de nitrate de potassium et de sodium. Il détenait 2 documents qui sont des explications de création de poudre noire et d’explosif (ANFO). (venant de Wikipédia wesh !)

Il possède 3 éléments précurseurs du TATP dans son véhicule, 258g d’ANFO dans son camion. Une entreprise terroriste conjointe, du fait qu’il possède 3 armes à feu, dont 2 de catégorie C et une de catégorie B, détenues illégalement.

L’expert a distingué la fabrication artisanale comme illégale. Lui et S. ont pourtant la même formation C4T2.

Ces éléments s’inscrivent dans une entreprise terroriste dont il avait connaissance. « F. et S. restent en contact puisqu’ils se revoient en juillet. »

Pour B., le paradoxe du permis de chasse : une atmosphère survivaliste qui participe à propension terroriste, au motif qu’il « ne voulait pas devenir l’esclave des fachos ».

B. n’est pas une collectionneur d’armes pourtant il en possède 5. Il possède aussi des documents sur des affaires anti-terroristes.

C. a eu une participation active, donc elle n’est pas ici jugée par rapport à sa relation à F.

Elle ne semble pas s’émouvoir des propos de F. contre les forces de l’ordre.

L. participe à 2 séances paramilitaires, et est sciemment associé aux entrainements et aux AG.

Sa participation active est liée à ses angoisses survivalistes.

A propos du refus de remise des clés de chiffrement : tous les téléphones étaient chiffrés, ce qui correspond à la personnalité des prévenu.es. Un mode de vie incompris, un mode de vie nomade, la vie en ZAD, détaché.es de tout un endroit stable, ou d’un emploi.

Ce ne sont pas des éléments à charge d ‘être anarchiste, punk… en revanche, ce qu’on juge ici, c’est leur rapport à la violence contre la police, et à la violence politique. Ainsi qu’une absence totale de remise en question à la barre. Ils doivent répondre d’un chemin de désengagement violent.

La défense collective en bloc pourtant porte sur des individu.es aux parcours spécifiques.

Quelle doit être la peine ? Elle doit représenter des faits assurément de matière terroriste. Il est rare qu’autant d’éléments matériels soient mis en exergue.

Peines à l’issue des réquisitoires :

    – Loïc : 2 ans d’emprisonnement avec sursis simple, 1500€ d’amende, 10 ans d’interdiction arme

    – Manu : 3 ans d’emprisonnement dont 2 ans sursis et probatoire, 10 ans d’interdiction de détention d’armes

    – Camille : 3 ans d’emprisonnement avec sursis et probatoire, 1500€ d’amende, 10 ans d’interdiction de détention d’armes

    – Bastien : 3 ans d’emprisonnement avec sursis et probatoire, 10 ans d’interdiction de détention d’armes

    – William : 4 ans d’emprisonnement dont 3 ans avec sursis et probatoire, 10 ans d’interdiction de détention d’armes

    – Simon : 5 ans d’emprisonnement dont 4 ans avec sursis et probatoire, 10 ans d’interdiction de détention d’armes

    – Florian : 6 ans d’emprisonnement avec mandat de dépôt différé, plus 3 ans de sursis, 10 ans d’interdiction de détention d’arme.

    Précision au sujet du « sursis probatoire » : cela signifie une injonction de soins, un suivi SPIP et une obligation de travailler ;(