- On revient encore sur le procès de l’affaire du 8 décembre dans laquelle 7 personnes sont jugées à Paris par le parquet national antiterroriste du 4 au 27 octobre (on avait longuement présenté l’affaire et le début du procès dans la première émission d’octobre). On parle des deux semaines écoulées, des interrogatoires à rallonge qui poussent à bout les inculpé.es, la salle qui parvient à faire entendre sa solidarité. Les personnes à la barre, malgré les pressions et le stress, répètent qu’elles contestent la retranscription des écoutes et les déclarations qu’elles ont pu faire lors de leur 96 heures de garde à vue dans les locaux de la DGSI.
- On en profite pour revenir sur le travail qui a été fait cette semaine pour montrer comment ces GAV particulièrement éprouvantes constituent des moments de sidérations traumatiques au cours desquels les enquêteurs parviennent à imposer leurs mots et leur récit préétabli dans l’esprit des personnes.
A écouter ici : https://lenvolee.net/2023/10/23/lettres-sur-lenfermement-psychiatrique/
[L’envolée] émission du 08/10/23 : Début du procès des inculpés du 8 décembre
En passant
On revient sur le procès qui a commencé cette semaine pour les 7 personnes inculpées dans l’histoire dite du 8 décembre. On revient un peu sur l’affaire, depuis les 96h de GAV dans les locaux de la DGSI et les périodes d’incarcération plus ou moins longue, les contrôles judiciaires qui courent toujours, la fabrication du dossier par les renseignements … L’audience pour association de malfaiteurs terroristes a commencé ce lundi et beaucoup de soutiens sont présents au TGI de Paris, hésitez pas à passer ! et on peut retrouver les comptes rendus détaillés des audiences sur le blog des soutiens des inculpés ici.
A écouter ici : https://lenvolee.net/2023/10/08/la-sortie-sans-fin-de-lisolement-pour-kemi-un-poeme-et-une-lettre-de-francis-recit-dun-sortant-de-la-talaudiere-debut-du-proces-des-inculpes-du-8-decembre/
Communiqué de presse de Camille
En passant
« Bonjour, je m’appelle Camille,
je fais partie des sept personnes qui ont été mises en examen à la suite de ce fameux « coup de filet dans l’ultragauche » le 8 décembre 2020.
Depuis plus d’un an, l’institution judiciaire s’est abbatue sur nous avec une férocité et une violence inouie. Aujourd’hui, je suis réellement, profondément fatiguée et désemparée face à cette machine à broyer. Nous avons connu des conditions d’incarcération particulièrement rudes avant d’être libéré.es. Nos amis, familles, entourages, se sont tour à tour auditionner par la DGSI, l’instruction continue de faire exister un « groupe » quand bien même l’absence de lien entre plusieurs d’entre nous a été prouvée et surtout un projet qui n’existe nulle part ailleurs que dans le récit construit par la DGSI. Si quelques entorses à la loi ont pu être démontrées, celles-ci remontent à 8 mois avant nos arrestations et aujourd’hui encore, personne ne comprend quels seraient les éléments qui enclenchent nos arrestations ce 8 décembre.
Depuis le début de cette procédure, chacun des accès à nos droits a dû faire l’objet d’une rude bataille pour être arraché. Je suis d’abord rentrée en procédure pour dénoncer les fouilles à nu systématiques à chaque fin de parloir dont je faisais l’objet et que le chef d’établissement refusait de m’enlever. Je n’ai pu avoir accès au dossier qu’au bout de 5 mois après avoir fait appel sur le refus des juges d’instruction de me le donner et ce alors qu’ils m’avaient déjà plusieurs fois auditionné. Toutes les nullités déposées par mes avocat.es, portant principalement sur la légalité des méthodes d’enquête utilisées à notre enconre, se sont vues rejetées.
Récemment, nous avons pu obtenir deux nouvelles avancées: la levée des interdictions de communiquer entre Libre Flot et moi, ainsi que la livée de l’isolement. Mais une fois encore, force est de constater qu’elles ont dû être arrachées. La livée des interdictions de communiquer n’intervient qu’au bout de 15 mois de procédure, plus de 3 semaines de grève de la faim et une hospitalisation, quand bien même la relation que nous partageons est clairement établie au dossier. La sortie d’isolement intervient au bout de nombreuses tentatives de procédure pour y mettre fin de la part de ses avocats et surtout dans un contexte dramatique où, désormais alité et ne pouvant plus se lever, il n’est de toutes façons pas à même d’en profiter.
Malgré l’immense soulagement qu’elles provoquent, ces avancées ne peuvent donc pas être considérées comme des victoires. Elles répondent tout juste au minimum de dignité et d’humanité que l’on aurait dû nous octroyer dès le début de nos mises en examen.
La logique judiciaire a jusqu’ici voulu que chacun d’entre nous soit relaché à l’issue de ses interrogatoires devant monsieur Jean-Marc Herbaut. Encore une fois, ce n’est pas le cas de Libre Flot. Il a alors décidé, depuis le début de sa grève de la faim, de déposer chaque jour une demande de mise en liberté, qui ont jusqu’ici toutes été refusées. Dans les motifs invoqués, on retrouve une nouvelle fois l’amalgamisme qu’il ne cesse de dénoncer avec force: « le contexte anxiogène des attentats islamistes ». Ce que demande Libre Flot aujourd’hui à travers sa grève de la faim, ce n’est pas d’arracher des miettes, c’est simplement la fin du traitement d’exception qu’il subit depuis le début, basé uniquement sur son engagement au Rojava. Il demande que l’on cesse de le comparer aux terroristes qu’il a combattu. Il demande, tout comme nous, à pouvoir se défendre correctement.
Monsieur Herbaut, il est temps que cet acharnement cesse. »